- sandraazema
- 28 oct. 2023
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La Psychogénéalogie

Comme l'écrivait Françoise Dolto : « Ce qui est tu à la première génération, la seconde la porte dans son corps. » Voilà tout le principe de la psychogénéalogie. Traumatismes, réparations, échecs, peut-on transporter le bagage de nos ancêtres ?
Avec Evelyne Bissone-Jeufroy, psychologue, elle a publié notamment "L'héritage invisible" chez Larousse. La psychogénéalogie est une branche de la psychologie qui se penche non pas sur nos traumatismes, mais sur ceux de nos parents, grands-parents, voire d'ancêtres plus lointains dans notre arbre généalogique. Les expériences traumatiques de nos aïeux impacteraient notre propre psychique. Comment ? Dans quelles proportions ? Que faire pour se soulager de cet héritage psychologique parfois pesant ? Pour la psychologue Evelyne Bissone-Jeufroy : « Quand mes patients viennent, ils ont déjà fait un travail de recherche parce qu'il y a quelque chose qui pèse dans leur vie et ils voudraient savoir quoi, et comme c'est difficile de voir dans soi-même et dans son passé, ils s'adressent à des spécialistes de psychogénéalogie. Comme son nom l'indique, c'est basé sur la généalogie et la psychologie. »
Les origines de la psychogénéalogie.
C'est une notion qui nous vient d'une psychologue. Anne Ancelin Schützenberger, la mère de la psychogénéalogie. Née à Moscou, étudiante à Paris, professeur émérite à l'université de Sophia-Antipolis, elle développe sa pratique au cours des années 70. En 1986, elle publie un livre qui fera date Aïe ! Mes aïeux, avec en sous-titre "Lien transgénérationnel, secret de famille, syndrome d'anniversaire et transmission des traumatismes". Ce livre sera un best-seller et d'autres suivront sur le même thème, Ces enfants malades de leurs parents en 2003 et Psychogénéalogie, Guérir les blessures familiales et se retrouver publié en 2007. Elle a aussi inventé le génosociogramme, un schéma avec des codes graphiques qui associent généalogie familiale et environnement historique, socioculturel et économique. Un outil qui lui servira avec ses patients. Elle va ainsi inspirer de nombreux psychanalystes connus, dont la célèbre Françoise Dolto.
Révéler les secrets de famille
La psychogénéalogie a aussi un autre nom, l'analyse transgénérationnelle. Elle permettrait à un patient de trouver l'origine d'un mal-être en analysant sa généalogie, qui pourrait avoir pour origine ses parents, ses grands-parents, comme une sorte de karma généalogique. Evelyne Bissone-Jeufroy évoque les enseignements qu'elle a reçus de Françoise Dolto : « Elle voyait les parents et quand ils avaient un secret de famille, c'est ce secret qui pesait dans la vie des enfants. Un enfant sait tout parce que c'est l'inconscient, donc on travaille beaucoup avec les émotions et la mémoire de la conscience. » À réécouter : La transmission du traumatisme des grands-parents Service publicÉCOUTER PLUS TARD LECTURE L'exemple de Rosa Dans son livre, Evelyne Bissone-Jeufroy donne un exemple avec une patiente nommée Rosa : « Je constate qu'elle se touche sans arrêt les épaules, la nuque et le haut du dos. Mais depuis quelques jours, pour la première fois, cette douleur s'est envolée. Rosa m'explique qu'avant de venir me voir, elle avait mené sa petite enquête et en particulier sur son arrière-grand-mère. L'histoire familiale qu'elle connaissait raconte qu'elle était morte à cause de la grippe espagnole, mais elle avait le sentiment qu'on ne lui disait pas tout et elle avait décidé d'interroger l'un de ses cousins. Celui-ci lui a finalement révélé que cette arrière-grand-mère n'était pas morte de maladie, mais qu'elle s'était pendue à 32 ans, honteuse d'avoir trompé son mari avec un ami. À l'instant même où Rosa a lu le mot pendue, sa douleur à la nuque et aux épaules a disparu comme par magie. » Selon la psychogénéalogie, c'est ce qui n'est pas dit qui est transmis. Si l'on en parle, il n'y a pas de transmission. Le génosociogramme Comment peut-on savoir que certains troubles sont liés à des traumatismes de nos parents ou nos grands-parents ? La psychologue explique que le génosociogramme serait l'outil essentiel : « C'est un processus, le génosociogramme intègre la généalogie, et permet de remonter l'arbre généalogique en partant de la personne qui vient nous voir, c'est à ce moment-là que se révèle, par association inconsciente, ce qui s'est passé dans sa vie. » La psychogénéalogie donne l'impression qu'il y a presque une résolution magique du problème qui nous pesait sur les épaules : « Si la personne s'investit et qu'elle est accompagnée, il y a des résultats, car c'est basé sur les émotions, les larmes, la conscience et les associations de l'inconscient. » La honte est un élément important de ce travail : « Mon premier cours, c'est sur la honte, on n'est pas là pour juger nos parents, ni nos grands-parents, ni nous-mêmes. On fait le mieux qu'on peut avec ce qu'on est à ce moment-là. On travaille sur toutes les choses dont nous avons honte et qui sont tues. »
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